IMPORTANT CABINET À PERSPECTIVES DE LA RENAISSANCE LYONNAISE
ORIGINE : FRANCE, LYON
PÉRIODE : XVIe SIÈCLE, 1580
Hauteur : 222 cm
Largeur : 190 cm
Profondeur : 69 cm
Bois de noyer
Bon état de conservation

IMPORTANT RENAISSANCE CABINET FROM LYON WITH A DECOR OF PERSPECTIVES
ORIGIN : FRANCE, LYON
PERIOD : 16th CENTURY, 1580
Height : 222 cm
Length : 190 cm
Depth : 69 cm
Walnut
Very fine condition

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Description

Dès 1540, la France prépare sa seconde Renaissance. Cette dernière est intrinsèquement liée à la redécouverte du monde antique. Le développement de l’imprimerie ainsi que les graveurs permettent la circulation des ouvrages et des modèles de villes en villes et de pays en pays.

L’influence italienne est alors palpable dans tous les domaines artistiques. Tandis que le roi de France confie de grands chantiers aux artistes italiens les plus talentueux (Le Rosso et Primatice dès 1530 et 1532 à Fontainebleau), le séjour italien apparait indispensable à la formation des artistes français qui souhaitent découvrir ce style nouveau. En Italie, ils se familiarisent avec les travaux de Leon Battista Alberti qui le premier théorisa la perspective (De pictura, 1435-1436) et l’architecture (De re ædificatoria, 1541). Ces deux ouvrages eurent une grande résonance et révolutionnèrent les arts.

Le mobilier fut ainsi marqué par les travaux des principaux architectes italiens de cette époque, et les architectes français ne furent pas en reste. Ainsi, rivalisant avec Alberti, Philibert de l’Orme se consacra à la fin de sa vie, à la rédaction de plusieurs ouvrages, notamment un traité théorique sur l’Architecture (1567) dont il ne put rédiger le second tome. Il y démontre son grand intérêt pour les normes mathématiques appliquées à l’architecture et copiées de l’antique. Ses voyages en Italie lui permirent d’accumuler les références artistiques les plus sophistiquées.

Jean Bullant autre architecte de grand talent fût lui aussi théoricien de son art. Il édicta les règles caractérisant l’art gréco-romain, en gardant une grande fidélité aux travaux de Vitruve.

Suivant cette inspiration nouvelle, la structure et l’ornementation du mobilier évoluent. Désormais, le mobilier se pare de colonnes, chapiteaux, corniches, frises et architraves. L’ornementation trouve elle aussi son inspiration dans l’architecture antique : oves, palmettes et rosace viennent ainsi garnir les plus belles réalisations.

A Lyon, carrefour géographique où se côtoient les marchands du monde entier, ces recherches nouvelles sont particulièrement bien assimilées. La florissante imprimerie lyonnaise favorise la diffusion des modèles et des ouvrages de référence devenus indispensables au travail des artistes. Ainsi, la première édition en France du De architectura de Vitruve sera réalisée à Lyon en 1523.

C’est donc très tôt que les artistes lyonnais redécouvrent ce savoir antique et se familiarisent avec l’art de la Renaissance italienne. Ainsi, ils s’approprient ces idées nouvelles et les mettent au service de leurs propres réalisations.

Les huchiers lyonnais réinterprètent alors l’architecture antique et des palais italiens de la Renaissance pour conférer à leur réalisation une structure architecturale très pure et harmonieuse.

Les pilastres cannelés sont mis à l’honneur. Ils sont surmontés des chapiteaux d’ordre divers respectant toujours le bon ordonnancement de ces derniers (les ordres les plus simples et les plus dépouillés pour les étages inférieurs, les plus ornés pour les étages supérieurs).

Concernant l’ornementation, l’une des grandes originalités de ce que l’on pourrait presque qualifier de style lyonnais reste les trompe-l’œil à perspectives d’architecture, illustrant l’influence toscane.

Véritable chef-d’œuvre de la Seconde Renaissance française, cet important meuble illustre parfaitement ce goût des ateliers lyonnais pour la belle ordonnance de l’architecture italienne inspirée de l’antiquité. Une perspective architecturale d’une extrême qualité formant une composition en miroir se déploie sur chacun des panneaux.

Ce cabinet à deux corps sans retrait repose sur quatre pieds de section rectangulaire. Il s’élève sur une base composée d’une moulure, d’une frise de palmette, bordée d’une tresse.

Le corps inférieur est scandé par trois pilastres cannelés à chapiteaux toscans encadrant deux vantaux. Les deux panneaux sont ceints d’un cadre à moulure et palmettes. Ils sont admirablement sculptés d’un décor d’architecture fantasmée figurant des façades de palais de la Renaissance italienne, construit symétriquement de part et d’autre d’un pilastre cannelé. Au rez-de-chaussée, une porte s’ouvre sous un arc surhaussé tandis que les étages sont percés de fenêtres à meneaux, de lucarnes et d’oculi. Deux imposants piliers au parement à bossage piqueté portent un entablement, orné d’une frise de palmette, sur lequel repose un arc en plein cintre à l’intrados à caisson à rosace central. Derrière cette arcade, une pyramide se dessine devant une autre façade dont la fenêtre à fronton curviligne brisé est abritée sous un cul-de-four garni d’une coquille.

Le dallage en damier qui construit les lignes de fuite donne beaucoup de profondeur à ces reliefs, structure les panneaux et dirige l’œil du spectateur.

Un fin tore lauré souligne la ceinture où se dévoile deux tiroirs aux façades décorées de palmettes circonscrites dans un arceau.

Le corps supérieur est bordé de palmettes. Il reprend la même division tripartite que le précédent. Toutefois, les pilastres sont couronnés de chapiteaux d’ordre ionique à volute et oves. Les vantaux sont quant à eux enserré dans des cadres ornés de fleurettes.

Sur les panneaux, l’artiste a élaboré un autre décor d’architecture. Au premier plan s’ouvre deux arcs reposant sur des pilastres cannelés dont les chapiteaux rectangulaires décorés de palmettes soutiennent deux arcades décorées d’une tresse et dont l’intrados à caisson est sculpté de roses. Les écoinçons sont garnis de fleurs. Au second plan, une autre arcature abrite une colonne cannelée au fût galbé portant un chapiteau à double corbeille de feuilles d’acanthes, caractéristique de l’ordre corinthien. Un fronton triangulaire interrompu par un chou bourguignon surmonte l’arc.

Une imposante corniche surmonte le meuble. Reposant sur les pilastres, elle forme ainsi un entablement, composé d’une frise de palmette et d’une corniche sculptée d’oves, de triglyphes et de palmettes.

Les côtés du meuble ont également bénéficiés d’une grande attention. Les panneaux du corps inférieur sont ornés d’une arcade en plein-cintre sous laquelle un portique à fronton interrompu abrite une colonne torse. Des fleurs garnissent les écoinçons. Une façade d’architecture complète le décor. Les panneaux du corps supérieur comportent deux arcades voûtées en plein cintre, soutenue de part et d’autre par une façade percée d’une porte de lucarne et de fenêtres et décorée de cartouches (dont l’un porte la date de réalisation de ce meuble de 1580) qui semblent nous mener à l’intérieur d’un palais italien, ainsi que le suggère le lustre. Notre regard est guidé grâce au dallage vers une seconde arcade en plein cintre au fronton curviligne interrompu par un vase, ouvrant la perspective sur une façade semblant border le chemin.

A l’intérieur du meuble, sur les vantaux inférieurs, se dévoilent deux gravures. Sur la porte de droite, est représentée une Crucifixion. Sainte Marie et saint Jean se trouvent de part et d’autre du Christ sur la croix. Dans la partie inférieure de la gravure la légende indique : « Dure uiator abis nihil haec spectacula curas / Pendenti cum sis unica cura Deo. / Tota suo moriente dolet natura Magistro. / Nil qui solus eras caussa dolenda doles. « 

La signature [Christoff Swartz Monachiensis pinx[it] / Ioa[nnes] Sadeler sculp[it]] nous indique que la gravure fût réalisée par Johann Sadeler I (1550–1600/160) d’après Christoph Schwarz (1548–1592).

Cette gravure fait partir de la série de « La Passion du Christ » que Johann Sadeler réalisa en 1589 d’après un retable peint par Christoph Schwarz pour la chapelle privée de Renée de Lorraine, épouse du duc Guillaume V de Bavière. Ce retable composé de neuf panneaux en cuivre fut détruit au XIXe siècle. Le panneau de la Crucufixion, qui a seul survécu, se trouvait au centre du retable. Il est aujourd’hui conservé à la Alte Pinakothek de Münich.

Sur la porte de gauche la gravure représente Saint François recevant les stigmates. 

La légende indique : « Signastidomine Servum Tuum. Franciscum. Signis Redemptionis Nostrae « 

Ce Cabinet de la Renaissance lyonnaise dont l’architecture s’affirme aussi bien dans sa structure fidèle aux normes antiques que dans l’ornementation de ses panneaux, révèle la grande maitrise des ateliers lyonnais qui sont à l’origine de sa réalisation.

Sculpteurs et huchiers travaillent ici en symbiose pour exprimer et traduire avec un même talent les perspectives architecturales ultramontaines.

La réalisation des panneaux allie à la fois délicatesse et soucis du détail qui va même jusqu’à figurer les volets des fenêtres ou encore le bossage particulier des parements. Ainsi, rien n’est laissé au hasard mais au contraire traduit la parfaite connaissance du sculpteur des recherches tant en matière de perspective que d’architecture, faisant ainsi preuve de toute sa maestria.

La qualité d’exécution, le sens des proportions et des volumes donnés à la structure et le raffinement du travail de sculpture font de ce cabinet un véritable chef-d’œuvre de la seconde Renaissance française.

La présence de la date à laquelle il fut exécuté concourt à sa rareté tout en nous fournissant des indications précieuses sur l’évolution du mobilier à cette époque.

Le commanditaire de ce meuble était sans nul doute un véritable esthète désireux de posséder un meuble de grande qualité qui traduirait les recherches stylistiques les plus innovantes de son temps.

Bibliographie

Ludmila Virassamynaïken (dir), Art et Humanisme Lyon Renaissance, Somogy, Paris, 2015

Evelyne Thomas, Vocabulaire illustré de l’ornement, Eyroles, Paris, 2e édition, 2016

Jacqueline Boccador, Le mobilier français du Moyen Âge à la Renaissance, Edition d’Art Monelle Hayot, 1988


As soon as 1540 France’s second Renaissance is in the making, intimately linked to the rediscovery of the Antique world. The development of the printing and engraving industry allows the spread of artworks and models in many cities and countries. The Italian influence can be perceived in every artistic field. While the French king entrust the most talented Italian artists with major projects such as Il Rosso or Primaticcio in Fontainebleau, French artists also travel to Italy to form themselves to this new style. In Italy they get acquainted with the work of Leo Battista Alberti the first to theorize perspective (De Pictura, 1435-36) and architecture (De re oedificatoria, 1541). Those two publications would have a revolutionary impact on arts.

Furniture is marked by the work of the most famous Italian architects of the time as well as French architects. Indeed Philibert de l’Orme competes with Alberti and by the end of his life publishes several treaties including one devoted to a theory of architecture (1567). Unfortunately he would not live to complete the second volume. In this treaty he expresses his interest for mathematical norms applied to architecture, copied from the Antique. His journeys in Italy allowed him to accumulate the most sophisticated references. Jean Bullant, another architect of great talent also theorizes his practice. He establishes rules characterizing Greco-Roman art staying faithful to Vitruvius.

Following this new inspiration the structure of furniture evolves. From then on appear columns, capitals, cornices, friezes and architraves. The ornamentation uses this inspiration as well with egg-and-dart, palm leaf and rose adorning the most beautiful pieces.

In Lyon, crossroad where meet merchants from everywhere those new experiments are welcomed. Lyon florishing printing industry allows the spreading of models and treaties essential to the artist’s work. Thus the first publication of Vitruvius’ De Architectura in France would be printed in Lyon in 1532.

Artists from Lyon rediscover and familiarize themselves with the Antique knowledge very early. They adopt those new ideas and use them in their own creations. Lyon cabinet-makers re interpret Antique architecture and Italian Renaissance palaces to give their pieces a pure and harmonious architectural structure. Grooved pilasters are particularly favored. They are topped by capitals of diverse orders always respecting the sequencing with simpler ones for the lower levels and the richest ones on the higher levels. As for the ornamentation, one of the great distinctiveness of Lyon workshops remains the architectural perspective illusions, drawing inspiration from Tuscany.

True masterpiece of the Second French Renaissance this important cabinet illustrates Lyon workshops’ taste for fine Italian architecture inspired by Antiquity. An architectural perspective of great quality is treated in symmetry on each panel.

This two-bodied cabinet without recess stands on four rectangular feet. The base comprises a molding, a palm leaf frieze and is bordered by a braid. 

The lower body is divided by three grooved pilasters with Tuscan capitals framing two door-leaves. The two panels are encircled by a moudled frame with palm leaves. They are finely carved with a decor of fantasized architecture depicting an Italian Renaissance palace erected symmetrically on each side of a grooved pilaster. On the ground floor a door opens through a stilted arch while the stories are opened with mullioned windows, dormers and occuli. Two large pegged-boss cladded pillars support the entablature enriched by a palm leaf frieze upon which stands an arch whose coffered intrados is centred by a rose. Behind this arch a pyramid appears, standing in front of a second facade with a window topped by a broken curvilinear pediment under a cul-de-four with a shell.

The checker flooring gives depth to the low-reliefs creating vanishing points structuring the panels and guiding the eye of the observer.

A thin laurel braid highlights the belt of the cabinet where are located two drawers. Their facades are adorned by palm leaves in hoops.

The upper body is encircled with palm leaves. The same ternary division as in the lower body appears. However, the pilasters are topped by Ionic capitals with volutes and egg-and-dart. The door-leaves are framed with flowers. On the panels the artist has designed another architectural decor. On the foreground open two arches on top of grooved pilasters with rectangular capitals adorned with palm leaves. The arches are enriched with braids and the coffered intrados bears a decor of roses. The spandrels also bear a flower decor. In the background another arcature hosts a fluted grooved column topped with double basket acanthus capital, characteristic of Corinthian order. The triangular pediment is interrupted by a choux bourguignon.

A large cornice crowns the cabinet. It stands on pilasters and forms an entablature comprising a palm leaf frieze and an egg-and-dart, triglyph and palm leaf cornice.

The cabinet’s sides have also been carefully considered. The lower body’s panels are enriched with an arch rising above a broken pediment portico hosting a twisted column. Flowers garnish the spandrels. An architectural facade completes the decor. The upper body’s panels present two arches supported by a facade opened with dormers and mullioned windows as well as cartouches (one bears the inscription 1580 dating the cabinet) suggesting the interior of an Italian Renaissance palace, confirmed by the chandeliers. The flooring leads our gaze to a second arch with a broken curvilinear pediment where stands a flower vase. This arch opens onto a perspective of another facade along a road.

Inside the cabinet, on the lower body door-leaves appear two designs. On the right door is depicted a Crucifixion. Saint Mary and Saint John flank the Christ on the cross. In the bottom part is inscribed « Dure uiator abis nihil haec spectacula curas / Pendenti cum sis unica cura Deo. / Tota suo moriente dolet natura Magistro. / Nil qui solus eras caussa dolenda doles. ». The signature [Christoff Swartz Monachiensis pinx[it] / Ioa[nnes] Sadeler sculp[it]] tells us it was made by Johan Sadeler I (1550-1600) after Christoph Schwartz (1548-1592). This engraving belongs to an ensemble depicting the Passion of Christ Johan Sadeler executed in 1589 after an altar piece painted by Christoph Schwartz for the private chapel of Renée of Loraine, wife of Duke William V of Bavaria. This altar piece made of nine copper panels has been destroyed during the 19th century. The Crucifixion panel once in the centre of the altar piece is the only one that survived and is today kept in Munich’s Alte Pinakothek.

On the left door appears Saint Francis receiving the stigmata. The inscription says  : « Signastidomine Servum Tuum. Franciscum. Signis Redemptionis Nostrae ».

This Renaissance cabinet with an architectural decor appearing as much in the structure faithful to Antique rules as in the ornaments of its panels demonstrate the artistry of the Lyon workshops from where it originates. Sculptors and cabinet-makers worked hand in hand to express and translate with a unique talent Ital ian architectural perspectives.

The making of the panels conjures both delicacy and attention to details going as far as depicting the shutters of the windows or the specific wall’s boss. Nothing is left to chance and it translates the excellent knowledge of the master sculptors regarding perspective and architecture.

Because of its quality of execution, the sense of proportions, the volumes of the structure and the refinement of the sculptures this cabinet is an absolute masterpiece of the French Second Renaissance. The inscription of the date of execution gives its rarity to the cabinet and is a precious element to study the evolution of furniture making at the time.

The patron who commissioned the cabinet was undoubtedly a true art lover wanting to possess a piece of furniture of exquisite quality expressing the most modern stylistic experiments of his time.

Bibliography

Ludmila Virassamynaïken (dir), Art et Humanisme Lyon Renaissance, Somogy, Paris, 2015

Evelyne Thomas, Vocabulaire illustré de l’ornement, Eyroles, Paris, 2e édition, 2016

Jacqueline Boccador, Le mobilier français du Moyen Âge à la Renaissance, Edition d’Art Monelle Hayot, 1988

Informations complémentaires

Dimensions 222 × 190 × 69 cm
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