Description
Le terme Namban vient de namban-jin « barbares du sud », employé par les Japonais pour désigner les Européens, en particulier les Portugais. L’art Namban se développe entre 1500 et 1600. Les Portugais arrivent au Japon en 1543 et développent des relations commerciales très élaborées.
Dans un premier temps, les Japonais apprécient peu les Portugais. Ils les trouvent grossiers et sales : ils sentent mauvais et mangent avec leurs doigts ; ils n’ont aucune maîtrise de leurs sentiments ni d’eux-mêmes ; et ils sont totalement imperméables à la culture japonaise dans le sens où ils ne comprennent pas les caractères écrits. Mais l’arrivée des Portugais reste une révolution pour le Japon. Il faut la considérer comme la rencontre de cultures de deux peuples cultivés et privilégiés, en avance sur leur époque. Les pratiques sont certes différentes mais tout aussi élaborées.
La méfiance des Japonais envers les Portugais ne dure pas. Très vite ils adoptent de nombreuses pratiques culturelles et technologiques. Nous pouvons citer en particulier l’arquebuse, les cuirasses, les navires européens. Mais les apports interviennent également dans le domaine culturel en particulier dans les arts décoratifs, dans la cuisine, ou dans le langage. Les Portugais sont les premiers à traduire le japonais dans une langue occidentale et à élaborer un dictionnaire. Le Nippo Jisho ou Vocabulario de Lingoa de Japam compilé par le jésuite Joao Rodrigues est publié à Nagasaki en 1603. C’est ainsi que certains mots japonais viennent du portugais. En particulier des objets ou des pratiques n’existant pas au Japon. Par exemple : boro – bolo (gâteau en forme de petite perle), botan – botao (bouton), furasuko – frasco (flasque), kapitan – capitao (capitaine de navire), etc.
Le missionnaire jésuite François Xavier, est l’un des premiers évangélistes au Japon. Les catholiques affirment avoir réalisé environ 200 000 conversions jusqu’à la fin du XVIème siècle. La christianisation est une des causes de l’exclusion des Européens du Japon vers 1650.
Les Portugais sont eux aussi très intéressés par les pratiques et ressources du Japon. Ils perçoivent ce pays comme très cultivé, avec un système féodal sophistiqué et une technologie élaborée.
A cette époque le Japon est plus peuplé et urbanisé que n’importe quel pays européen (au XVIème siècle, il y a 26 millions d’habitants au Japon, contre 16 millions d’habitants en France et seulement 4,5 millions d’habitants en Angleterre). Le pays est très riche en termes de métaux précieux. Il est un exportateur important de cuivre et d’argent. Mais les Portugais sont surtout très admiratifs de la qualité de l’artisanat et de la métallurgie. Les armes japonaises sont les meilleurs du monde. L’industrie du papier est sans égale. Les Japonais se mouchent dans des mouchoirs en papier washi alors que l’usage dans le monde occidental est encore… la manche !
Que rapportent les Portugais du Japon : de la soie, des objets en laque, des objets avec incrustation de nacre, du thé vert, du minerai d’argent. Qu’apportent les Portugais au Japon : de la soie de Chine, des porcelaines, du coton, des épices d’Inde.
Japon, période Momoyama (1573-1603), XVIème siècle
Hauteur : 15,5 cm – Longueur : 22,5 cm – Largeur : 13,5 cm
The word « Namban » comes from namban-jinou « southern barbarians », used by the Japanese to refer to the Europeans, especially the Portuguese. Namban art came about between 1500 and 1600. The Portuguese reached Japan in 1543 and forged a very intricate commercial relationship.
Initially, the Japanese weren’t overly fond of the Portuguese. They found them to be crude and dirty: they stank and ate with their hands, have no control over their emotions or themselves and are completely indifferent to Japanese culture in that they can’t understand written words. Their arrival however remains a revelation for Japan. It should be considered an encounter between two cultured and privileged peoples, both ahead of their time. Their customs may be different but they were both complex and developped.
The mistrust of the Japanese towards the Portuguese didn’t last. They quickly adopted many of the newcomers’ cultural practices and their technoloical advancements, notably matchlocks, brestplates, european-style ships… but these new imports also occur in the cultural world, in particular in decorative arts, cooking or in language. The Portuguese are the first to translate Japanese into a western language and to create a dictionary. The Nippo Jisho or Vocabulario de Lingoa de Japam compiled by the jesuit preast Joao Rodrigues was first published in Nagasaki in 1603. As a result, some Japanese words are actually Portuguese in origin. This is especially true for objects or practices which didn’t exist priorly in Japan such as boro-bolo (cake in the shape of a small pearl), botan-botao (button), furasuko-frasco (flask), kapitan-capitao (captain of a ship), etc.
The jesuite missionnary François Xavier was one of the first evangilists to reach Japan. The Catholics declared that they had performed around 200 000 conversions by the end of the 16th century. This attempt to convert the population is one of the reasons the Europeans found themselves expelled from the country around 1650. The Portuguese were also very interested by the cultural practices and ressources of the islands. They saw its inhabitants as being very well-cultured, with a sophisticated feodial system and well-developped technology. At the time, Japan was far more populated and more urbanised than any European country (during the 16th century, there were 26 million japanese, compared to 16 million Frenchmen and 4.5 million Englishmen). The country had an abundant supply of precious metals. It was a big exporter of copper and silver but the Portuguese especially admired their skills at metalworking. Japanese weapons were the finest in the world, their paper industry was without equal. In Japan, tissues were being used whereas in the West it was still the custom to blow one’s nose on one’s sleeve!
So what did the Portuguese take home from Japan? Silk, lacquered objects with inlayed mother-of-pearl, green tea, silver ore. They brought to the country: Chinese silk, porcelaine, coton and Indian spices.
Japan, Momoyama period (1573-1603), 16th century
Height : 6.1″ (15.5 cm) – Width : 8.9″ (22.5 cm) – Depth : 5.3″ (13.5 cm)