Description
CONTEXTE HISTORIQUE ET ART NOUVEAU
L’année 1900 marque le début d’une ère nouvelle, celle de la Belle-époque, qui est jalonnée par la présence des Expositions Universelles (1889, 1893, 1900, 1904, 1905, 1906, 1910). Ces événements permettent à la France de renouer avec son rayonnement européen tant par des découvertes technologiques que des nouveautés artistiques.
Paris est la capitale qui synthétise ces deux aspects pendant les Expositions Universelles, notamment par la conception de la Tour Eiffel au bord de la Seine, qui est reliée par un nouveau pont, le Pont Alexandre III, inauguré en 1900. La même année, le métro est mis en service et le décor de ses entrées est imaginé par l’architecte Hector Guimard (1867-1942), représentant majeur de l’Art nouveau.
L’Art Nouveau
L’Art nouveau, ou Art 1900, est un nouveau mouvement artistique qui fait son apparition en Europe à la fin du XIXème siècle et qui atteint son paroxysme dans les dix premières années du XXème siècle. Ce mouvement naît en réaction aux dérives de l’industrialisation et de la rigidité des bâtiments métalliques.
Ce style s’appuie principalement sur un retour à la nature par des lignes et des courbes sinueuses. Les artistes et les architectes inventent des formes rythmées par des arabesques, des motifs issus de la faune, de la flore et de la vision de l’une femme imaginaire. Ces artistes s’inspirent de figures et des lignes que l’on retrouve dans la nature.
L’Art nouveau ne se limite pas à la simple représentation de la nature, mais à sa stylisation, par la création de la ligne « coup-de-fouet », c’est-à-dire, très sinueuse.
Concernant le mobilier, à la fin du XIXème siècle, les goûts sont encore marqués par une reprise des styles précédents qui plaisent à la bourgeoisie, toujours fidèle aux vestiges du Second Empire. Toutefois, des créateurs parviennent à se détacher du passé en concevant un style singulier et unique.
Ce style prend ses racines dans la filiation du mouvement Arts & Crafts de William Morris (1861) qui prend le contre-pied de l’époque en rejetant les produits de la révolution industrielle. Morris accorde une priorité au travail artisanal et au retour à la nature dans sa production, tant pour la forme que pour les matériaux.
L’Art nouveau, inspiré par le Japonisme et par un univers idéalisé, parvient à se détacher de la tradition européenne en inventant des formes nouvelles pour certains meubles, dont notre guéridon.
Ces meubles ne ressemblent à aucun autre. En outre, concernant le décor, la fleur a toujours été un élément central dans le mobilier, mais cette fois, elle n’est pas agencée en bouquet ou en guirlande, elle est libre et nouvelle. En effet, les créateurs imaginent des fleurs, ou s’inspirent de végétaux exotiques ou aquatiques, peu communs dans la tradition du mobilier. Nous retrouvons principalement des nénuphars, des iris, des algues, des ombelles ou du lierre sauvage.
LE GUÉRIDON, PAR GEORGES REY
Cet exceptionnel guéridon des années 1900 est l’œuvre de l’artiste Georges Rey. En effet, un cachet ovale fait mention du nom de l’artiste « G. REY », au revers du plateau en fine marqueterie. Nous ne connaissons que peu de choses de la vie de cet ébéniste de talent, si ce n’est que ce dernier possédait un atelier, au 44 rue de Charenton entre 1950 e 1920.
En outre, l’ébéniste a participé à l’Exposition Universelle de Milan en 1906 et qu’il a remporté la médaille d’or dans sa catégorie : « Section 7/ Arts Décoratifs – groupe 41 à 45 » pour un meuble.
Nous ignorons s’il s’agit de ce guéridon, ou d’un fauteuil, qui est actuellement exposé au Musée d’Orsay, intitulé « Le Jour et la Nuit. ». Ce fauteuil aurait appartenu à Sarah Bernhardt, et il a fait partie de la collection de Josette Rispal, avant qu’elle en fasse don au Musée d’Orsay en 2005.
Notre guéridon était conservé, pendant plusieurs décennies, dans la collection privée du célèbre commissaire-priseur et académicien Maurice Rheims.
L’historien de l’art a écrit plusieurs ouvrages sur le thème de l’Art nouveau, dont L’Objet 1900 en 1964 et L’Art 1900 un an plus tard. Dans ce dernier livre, Maurice Rheims fait mention du guéridon dans un chapitre relatif au mobilier de cette période, sous cette mention :
« Anonyme, table en olivier et plateau marqueté d’étain et nacre : l’origine de ce singulier objet en olivier sculpté nous est inconnue (…). » (RHEIMS, Maurice, L’Art 1900, Arts et Métiers graphiques, Paris, 1965, p. 216 et planche 301)
Le guéridon est resté dans la famille après la mort de Maurice Rheims en 2003.
Au regard des créations du style Art 1900, Georges Rey repousse, à l’extrême, les frontières de l’Art nouveau grâce à ses courbes végétales sinueuses et extravagantes qui ne répondent à aucune symétrie. En effet, la sculpture absorbe totalement la structure du meuble, racines et branches s’étendent à l’infini dans chaque recoin de ce guéridon. Le créateur imagine ainsi un écrin végétal et organique.
Aucun autre ébéniste n’a osé développer à ce point ce style audacieux. Ce guéridon extravagant, au décor abondant annonce une nouvelle liberté d’expression.
DESCRIPTION DU MEUBLE
Les âges de la vie
Cet étonnant guéridon possède un très riche décor. En effet, il est soutenu par quatre pieds réunis par une entretoise sculptée en forme de racines stylisées. Les pieds sont reliés à l’entretoise par des branchages entrelacés.
Ce meuble extraordinaire revêt une symbolique universelle en employant le thème de la vanité au travers de l’évolution de la vie, du berceau au tombeau.
Tout d’abord, nous pouvons voir sur l’un des monticules qui composent le décor du piètement, un visage d’enfant qui se confond avec les lierres. Cette image est un symbole de résurgence, la vie semble se renouveler et sortir de la terre. C’est la première étape du cycle de la vie. Sur chaque pied se poursuit l’évolution de la vie d’une femme. Elle est d’abord jeune, souriante et innocente, puis amoureuse et sérieuse dans une autre scène, avant de voir apparaitre des rondeurs et des rides plus tard. Enfin, elle finit âgée et dans un état de décrépitude. Ce cycle est le reflet d’un art ancestral : celui des Memento Mori, particulièrement présents au Moyen-Âge et à la Renaissance.
En outre, nous pouvons noter la présence d’une salamandre qui ondule avec agilité. Ce reptile, en plus d’être un symbole de la foi inaltérable, est symbole de renaissance, à l’instar du phénix. De fait, cette salamandre est liée aux cycles de la vie et de la résurrection comme l’explique l’alchimiste Michaël Maïer en 1613.
Enfin, pour servir ce cycle de la vie, Georges Rey utilise un autre thème d’évolution, celui des quatre saisons.
Les Quatre Saisons
Les quatre pieds qui composent ce meuble extraordinaire représentent les différents âges de la vie par l’évolution des quatre saisons, un thème traditionnel dans le mobilier français depuis la Renaissance. Ainsi, chaque période de la vie correspond à une saison.
Le Printemps
Nous commençons ce cycle des quatre saisons par le Printemps. Georges Rey personnifie le Printemps par une allégorie qui revêt les traits d’une jeune femme. Elle représenterait l’adolescence dans les âges de la vie. Pour la composition, le sculpteur réalise le buste dénudé d’une jeune fille. Cette demoiselle nous montre son profil droit. Elle a les cheveux remontés et coiffés à la mode de la Belle-époque.
L’allégorie esquisse un léger sourire mutin et semble donner un baiser à une colombe dont on aperçoit uniquement la tête et les ailes dans un faible relief. Cet oiseau est synonyme de pureté et d’innocence. Une autre colombe déploie ses ailes dans la partie droite du corps du guéridon.
La nudité de la jeune femme est habilement cachée par un amoncellement de roses et de pivoines, en fleurs et en boutons.
La partie gauche de cette scène est également tapissée d’une multitude de roses dont on devine les pétales et les feuilles dentelées, à la manière d’un fond millefiori.
Le pied du meuble, en dessous de cette allégorie, reprend une forme végétale, tel un tronc d’arbre qui se termine par un petit massif rocheux.
L’Été
La deuxième saison, l’Été, poursuit le cycle des âges et voici qu’arrive la saison des amours. Cette vision représente le début de l’âge adulte.
La composition du décor donne une belle harmonie scène, dominée par le visage de la jeune femme. Le reste de son corps est dissimulé par de la végétation. Georges Rey représente magnifiquement la chevelure féminine avec des envolées de mèches et de boucles.
Elle découvre ses premières amours avec un homme qu’elle embrasse du bout des lèvres.
L’allégorie de l’été se traduit par l’évocation des récoltes avec les épis de blé caressés par le vent. Sur le torse de l’homme, une grande fleur d’hibiscus a éclos. Elle symbolise l’amour de l’homme pour la femme et la perfection des formes.
L’Automne
En Automne, les vignes et le raisin ont remplacé les blés pour la saison des vendanges. La femme est à un âge mûr, son visage, enjoué par l’ivresse du vin, est plus marqué. Elle sourit, ses yeux sont rieurs. Elle est entourée par de grandes feuilles de vignes et des rinceaux qui s’enroulent, illustrant une nouvelle manière de percevoir la nature avec ses formes sinueuses et ses arabesques.
Georges Rey ne cache plus la nudité, il la dévoile sans l’érotiser.
Cette représentation fait référence aux bacchanales, ces fêtes excentriques en l’honneur du dieu de l’ivresse, Bacchus.
L’Hiver
La dernière saison représentée est donc l’Hiver. L’artiste reprend la figure traditionnelle illustrant ce thème : une allégorie rongée par le travail des années. Ici, le corps de la femme émerge d’un buisson de houx laissant apparaitre son sein gauche.
Le travail accordé à cette saison est particulièrement remarquable, notamment dans la représentation réaliste de la vieillesse.
La femme est au crépuscule de sa vie, le visage émacié, le regard craintif.
La vieille femme semble lutter contre un vent glacial. L’aile d’un corbeau recouvre sa tête, telle une coiffe. Nous observons, en effet, la présence de deux corbeaux en vol. L’un d’eux a le crâne tourné vers la femme, tandis que l’autre poursuit sa traversée dans ces vents-contraires. Dans la culture occidentale, le corbeau est perçu comme un oiseau de mauvais-augure, du fait de son plumage noir, de son cri rauque et de sa nécrophagie. Les contes populaires font de cet oiseau une apparition macabre et funeste, comme dans la nouvelle The Raven, (Le Corbeau) du romancier Edgar Allan Poe publiée en 1845.
Le fond de la scène est parsemé de feuilles de houx, indéniablement liées à la période hivernale. La présence de ce végétal aux feuilles épineuses, qui semblent s’accrocher à la chair de la femme, renforce l’aspérité et la dureté de cette scène.
Le plateau
Le plateau de cette table de milieu, de forme circulaire, empreinte son décor en marqueterie, aux motifs japonisants, en vogue dès la seconde moitié du XIXème siècle, notamment chez les impressionnistes. La marqueterie se compose de différentes essences de bois, permettant des contrastes et des ombres sur le décor végétal.
Cette scène évoque un paysage idéalisé où deux jeunes femmes sont en harmonie avec la nature. En effet, l’artiste représente le corps des femmes et de l’eau de la même manière, avec des incrustations de nacre de Paua. Cette nacre, provenant de Nouvelle-Zélande, offre une effusion iridescente de couleurs dont le bleu, le violet, et le vert.
L’association de la couleur de l’eau à celle des deux corps nous livre une information cruciale concernant l’identification des deux jeunes femmes. De fait, elles apparaissent comme deux divinités aquatiques appartenant aux groupes des naïades. Dans la mythologie grecque, les naïades sont les nymphes des eaux douces.
D’après ce paysage, les deux divinités pourraient appartenir aux Limnades, nymphes des lacs. Ces naïades, se nourrissant d’ambroisie, avaient le pouvoir de régénérer leur beauté.
Leurs visages est en nacre de Burgau, rehaussé par un filet de plomb pour les yeux.
Dans ce décor burgauté, les Limnades sont sur les rives d’un lac bordé de roseaux et des joncs, surmontés de quenouilles et de fleurs qui s’accommodent à la forme du plateau. Dans la partie gauche, l’une des nymphes, agenouillée dans les eaux, semble écarter, de sa main gauche, des broussailles, surprenant un héron blanc sur le point de prendre son envol.
L’autre Limnade, qui se tient debout, derrière sa compagne, est le personnage central de la composition du décor du plateau. La nymphe est cachée par un paravent de végétation. Dans une posture évoquant une aimable sensualité, elle passe sa main droite dans sa longue chevelure nacrée.
Une ouverture dans la végétation, du côté droit du plateau, nous laisse deviner, en arrière-plan, un ciel bleu, ombragé par des nuages en marqueterie. L’incrustation d’étain à l’horizon permet de donner au ciel un aspect clair et lumineux. Nous retrouvons, sur les rives, trois hérons blancs. L’un d’eux tient dans son bec une grenouille qui se débat.
LE CYCLE DES ÂGES DE LA VIE
Les âges de la vie sont une théorie qui consiste en la division de la vie selon différentes périodes distinctes par une évolution croissante. Cette conception apparait à l’Antiquité latine, permettant aux grecs de se situer selon la krisis, qui est une « classe des âges », fondée sur l’apparence physique.
La classification de l’Antiquité classique fait apparaître trois grandes distinctions d’âges: la jeunesse qui symbolise l’innocence et la pureté, l’âge adulte qui s’apparente à la maturité et la vieillesse représentant la sagesse.
Le philosophe Pythagore affine cette conception, en distinguant l’enfance, l’adolescence, la maturité et la vieillesse. Cette composition est reprise au Moyen-Âge par Philippe de Novare et par les artisans qui emploient ce thème, tant en sculpture qu’en peinture.
Dès lors, des auteurs comparent ces quatre périodes aux quatre saisons, qui évoluent de la même manière.
BIBLIOGRAPHIE
COLEMAN, Yves, Art Nouveau, Architecture et mobilier, L’art en son temps, Paris, 1999, p. 23
MAÏER, Michael, Arcana Arcanissima, S.1. 1613, p. 177
RHEIMS, Maurice, L’Art 1900, Arts et Métiers graphiques, Paris, 1965, p. 216
RHEIMS, Maurice, L’Objet 1900, Arts et Métiers graphiques, Paris, 1964
RHEIMS, Maurice, Haute Curiosité, coédition Robert Laffont-Opéra Mundi, Paris, 1975
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HISTORICAL CONTEXT
In 1900 starts a new era, nicknamed the Belle Époque in French, punctuated by successive World Expositions (1889, 1893, 1900, 1904, 1905, 1906, 1910). Those events allow France to strengthen its position as a European center for technological discoveries and artistic avant-gardes.
Paris is the capital that sums up the best those two aspects during the World Expositions, especially with the erection of the Eiffel Tower on the banks of the Seine River in 1889 and the building of a new bridge Pont Alexandre III inaugurated in 1900. That same year the underground metro network opens, and the decor of the station entrances is designed by architect Hector Guimard (1867-1942), a major figure in the Art Nouveau movement.
The Art Nouveau
The Art Nouveau or Modern Style is an artistic movement blooming in Europe during the late 19th century and reaching its apex within the first decade of the 20th century. This movement appears in reaction to the industrialisation drift and the stiffness of metallic buildings.
This style is mainly based on a principle of a return to nature with soft lines and sinuous curves. Artists and architects invent shapes adorned with scrolls, fauna and flora motifs, visions of an idealised woman. Those artists draw inspirations from figures and lines to be found in nature.
The Art Nouveau is not limited to a sole imitation of nature but favours instead a stylisation of the line, sinuous as a coup-de-fouet (whip lash).
During the late 19th century, tastes are still very much marked by previous styles such as Second Empire particularly enjoyed by the bourgeoisie. However some furniture designers eventually break free from the past to create a singular and unique style. This style finds its origins in the Arts & Crafts movement initiated by William Morris (1861) that opposed its time and the products of the Industrial Revolution. Morris believed in artisanal work and in a certain closeness to nature whether in materials or shapes.
The Art Nouveau, inspired by Japanese art as much as by an idealised universe, divorce from European traditions, creating new forms for specific pieces of furniture including our side-table. Those pieces do not look like any other. While flowers have always been a favoured motif in furniture designs here they are not represented in bouquets or garlands but depicted free and new. Indeed designers honour flowers, exotic and aquatic plants that are not common in furnishing. We can mention water lilies, irises, sea weed, umbels, ivy.
The side-table, by Georges Rey
This exceptional side-table from 1900 is the work of artist Georges Rey. Indeed, an oval inlaid stamp mentions his name “G. REY” on the back of the table-top. About this talented cabinet-maker, whose studio was located on 44 rue de Charenton between 1905-1920, we know very little.
Georges Rey participates in the World Exposition held in Milan in 1906 where he wins the gold medal in the category : “Section 7 / Decorative Arts – group 41 to 45” for a piece of furniture.
We do not know if it is our side-table or if it is the armchair called “Le Jour et la Nuit”, currently presented in the Musée d’Orsay collections. The armchair is said to have belonged to Sarah Bernhardt and was in the collection of Josette Rispal before she gave it to the French 19th Century Art museum in 2005.
Our side-table stayed for several decades in the private collection of famous French auctioneer and author Maurice Rheims.
The art historian has written several books about the Art Nouveau movement including L’Objet 1900 in 1964 and L’Art 1900 one year later. In this last book Maurice Rheims mentions the side-table in a chapter dedicated to furniture pieces of the period. He writes :
“Unknown artist, side-table in olive wood and table-top inlaid with pewter and mother-of-pearl: the origin of this singular object in carved olive wood is unknown to us (…).”
RHEIMS, Maurice, L’Art 1900, Arts et Métiers graphiques, Paris, 1965, p. 216 and illustration 301.
The side-table remained in the family after the death of Maurice Rheims in 2003.
In regard to creations from around 1900 Georges Rey always pushes back further the boundaries of Art Nouveau, thanks to sinuous and extravagant vegetal curves obeying no symmetry. Indeed the sculpture adopts the structure of the tables with roots and branches extending all over the surfaces of the piece. The artist truly conceived a vegetal and organic precious case.
No other cabinet-maker has gone that far in the development of this bold style. This extravagant side-table with an abundant decor welcomes a new freedom of expression.
DESCRIPTION OF THE SIDE-TABLE
The Four Ages
This surprising side-table shows a rich decor. It stands on four feet linked by a spacer sculpted as stylised roots. The feet are connected by intertwined branches.
This extraordinary piece of furniture narrates a universal and symbolic tale of vanity, from the crib to the casket.
First we can notice the face of a child appearing amidst the ivy in one of the piles on the decor of the base. This image is a symbol of resurgence, life seems to renew itself and spring from the ground. This is the first step of the four ages. On each foot is shown the evolution of a woman’s life. Young, smiling and innocent she is then in love and serious before being depicted with a heavier body and a face marked by the passing of time. The last scene shows her decrepit in her old age.
This cycle echoes an ancient form of art, the memento mori, particularly in favour during the Middle-Ages and Renaissance.
Moreover we can observe an agile and twisted salamander. This reptile was not only a symbol of everlasting faith but also of rebirth, like the phenix. As explained by Michael Maier in 1613 salamanders are associated with the cycle of life and the resurrection.
Finally, to complement the Four Ages, George Rey uses another theme about evolution, the four seasons.
The Four Seasons
The four feet of this extraordinary table represent the different ages of life through the depiction of the four seasons, a theme ubiquitous in French furniture art since the Renaissance. Each season is attributed to an age.
Spring
Let’s start the cycle of seasons with Spring. Georges Rey personifies Spring with as an allegory figured as a bare chested young woman. Of the different ages of life she is to represent Adolescence. She shows her right profile and wears a hairdo characteristic of the Turn of the Century.
The allegory smiles gently and seems to be kissing a dove of which we can only distinguish the head and wings in low relief. This bird stands for purity and innocence. Another dove spreads its wings in the right part of the side-table’s body. The naked figure of the young woman is skillfully hidden by a bunch of roses and peonies both fully bloomed and as flower buds.
The left part of the scene is also covered with innumerable flowers as a millefiori background. We can recognize roses thanks to their petals and serrated leaves.
Below the allegory, the table’s foot goes back to a vegetal form. It is shaped as a trunk emerging from rocks.
Summer
The second season also follows the Four Ages and stands for Adulthood, it is the season of love.
The decor shows a harmonious composition topped by the face of the young woman. The rest of her body is obscured by vegetation. Georges Rey beautifully renders her feminine mane with dramatic strands of curly hair.
She discovers love with a first kiss timidly given to a man.
The allegory of Summer is the opportunity to represent wheat sheaves caressed by the wind. On the man’s torso, a large hibiscus flower has bloomed. It symbolises his love for the woman and the perfection of shapes.
Autumn
In Autumn, vines and grapes have replaced wheat for the harvest to come. The woman is mature. Her face shows marks of age and seems happy with wine.
She smiles, her eyes are joyful. She is surrounded by large vine leaves and scrolls illustrating a new way to depict nature, emphasising its sinuous forms.
Georges Rey does not hide the body anymore. He shows her naked deprived of an erotic overtone.
This depiction echoes bacchanals, those eccentric parties thrown in hommage to the god of inebriaty, Bacchus.
Winter
The last season depicted is of course Winter. The artist uses the traditional figure associated with the theme; an allegory decrepit with the passing of time. Here, the body of the woman emerges from a holly tree, revealing one breast.
The care given to the representation of this season is remarkable, especially in the depiction of the old age. The woman is at the dusk of her life, her face is parched, the gaze fearful and the ribs protruding.
The old woman seems to be struggling against an icy wind. The wing of a raven covers its head, like a headdress. We observe, in fact, the presence of two crows in flight. One of them has his head turned towards the woman, while the other continues his crossing in these headwinds. In Western culture, the raven is perceived as an ominous bird, due to its black plumage, its hoarse cry and its necrophagia. Popular tales make this bird a macabre and fatal appearance, as in the short story The Raven, (Le Corbeau) by the novelist Edgar Allan Poe published in 1845.
The background of the scene is dotted with holly leaves, undeniably linked to the winter period. The presence of this plant with thorny leaves, which seem to cling to the flesh of the woman, reinforces the roughness and hardness of this scene.
Table-top marquetry
The top of this round side-table is enriched with a marquetry bearing the influence of Japanese motifs in vogue during the second half of the 19th century, especially with Impressionists painters. The marquetry comprises several wood species allowing contrasts and shadows on the vegetal decor.
This scene evokes an idealised landscape where two women are in harmony with nature. Indeed the artist represents their bodies and the water in the same way with inlays of paua mother-of-pearl. This materials originates from New-Zealand and offers iridescent nuances between blue, purple and green.
The harmony of the water colours and the two bodies gives crucial informations regarding the identification of the two women. They appear as two aquatic divinities known as naiads. In Greek mythology those creatures are the nymphs of fresh waters.
If we observe carefully the landscape we can imagine the two nymphs are limnads, the naiads of the lakes. They feed on ambrosia, a beverage regenerating their beauty.
The face of both women looks almost reptilian and is made of burgau mother-of-pearl with lead lines for the eyes.
In this burgauté décor the limnads appear by the banks of a lake where grow rush and reed. Cattails and flowers follow the edge of the table-top. In the left hand side one of the nymphs, kneeling in shallow waters looks like she is parting plants with her left hand, discovering a white heron ready to fly away.
The other limnad stands behind her, in the centre of the composition. She is partly hidden by a screen of vegetation. She runs her hand through her long pearly hair, the bust arched in a sensual posture.
On the right hand side of the table-top an opening in the vegetation let us peak at a background revealing a blue sky with marquetry clouds. The lead inlay on the horizon gives the sky a clear and luminous aspect. On the shores of the lake stand three white herons. One of them has in its beak a frog still fighting to get away. The table-top is achieved by rush and cattails.
In his book Art 1900, Maurice Reims says this table-top seems to swing to the music of Claude Debussy while alluding to the art of Gustav Klimt.
THE FOUR AGES
The Four Ages is a theory dividing life in distinct periods following a growing increase in age. This concept appeared during Latin antiquity and allowed Greeks to situate themselves according to the krisis which is a class of ages and is based on physical appearances.
The Antique classification insists on three specific ages. Youth which symbolises innocence and purity, Adulthood associated with maturity and Old Age that embodies wisdom.
The philosopher Pythagoras brings more nuance and adds the age of Adolescence between Childhood and Adulthood. This cycle is used by Philippe de Novare and other Medieval artists, whether in painting or in sculpture.
To those Four Ages, physician Galen pairs various characteristics. Adolescence is when the body grows, Youth is when the body is dynamic, Adulthood is when the body is balanced and burns as much as it consumes, Old Age is when the body dries up.
Since then, authors compare those four periods to the four seasons as they evolve in a comparable way.
Greek mythology also talks about the different ages of man with the riddle the Sphinx asks Oedipus; “What walks on four feet in the morning, two in the afternoon and three at night?” To which the hero answers “Man: as an infant, he crawls on all fours; as an adult, he walks on two legs and; in old age, he uses a walking stick.”
In the arts, the depiction of the Four Ages is abundant. According to Christian Heslon they can be gathered in different themes:
• The allegories of the Four Ages: age is personified (ex: The Three Ages of Woman by Gustav Klimt, 1905)
• The steps of age: life is seen as stairs climbed by an individual.
• Vanity or Memento mori: represents the evolution of beauty that inevitably withers.
Literature
COLEMAN, Yves, Art Nouveau, Architecture et mobilier, L’art en son temps, Paris, 1999, p. 23
MAÏER, Michael, Arcana Arcanissima, S.1. 1613, p. 177
RHEIMS, Maurice, L’Art 1900, Arts et Métiers graphiques, Paris, 1965, p. 216
RHEIMS, Maurice, L’Objet 1900, Arts et Métiers graphiques, Paris, 1964
RHEIMS, Maurice, Haute Curiosité, coédition Robert Laffont-Opéra Mundi, Paris, 1975